Pour ceux qui connaissent les structures et la hiérarchie militaires, la structure de l'Église Théiste est remarquablement similaire aux structures de commandement établies par les armées professionnelles autour d'Ea. Il est peut-être tout à fait naturel que l'Église théiste ait adopté le militarisme qui imprègne tant la Hundred Kingdoms. Ses origines sont imprégnées de l'histoire du Old Dominion, où l'acier et la foi armaient les armées d'Hazlia, et les premiers écrits des apôtres de l'Église remontent aux temps turbulents qui ont suivi la Chute : l'Exode et les premières années qui ont nommé la Mer Amère.
Malgré son caractère militaire et son militarisme précoce, l'Église théiste n'a pas le droit de maintenir une force armée en vertu de l'une des lois les plus puissamment appliquées dans le Hundred Kingdoms, l'"Animus Possidendi". Ce décret a été promulgué par Charles Armatellum lui-même et a survécu à sa mort, à la fin de sa lignée et même à l'effondrement partiel de l'Empire.
Depuis la mort du dernier empereur, l'Église théiste a, à maintes reprises, tenté d'annuler cette loi, mais en vain. Bien que l'influence des Ordres, les premiers bailleurs de fonds et les plus fervents partisans de cette loi, ait été largement diminuée avec l'effondrement de l'Empire, la noblesse est très réticente à l'idée de voir un autre parti utiliser la puissance militaire, un domaine dans lequel elle détient un monopole sans opposition dans l'Empire, et n'a donc pas soutenu cette loi.
La débâcle qui a déclenché les Années Rouges, un conflit de plusieurs décennies qui a menacé de faire éclater le premier Empire, a donné à l'Église théiste une certaine marge de manœuvre. La persécution et le martyre de saint Nicolas ont fourni à l'Église les munitions juridiques et politiques dont elle avait besoin pour s'assurer que, si aucun prêtre ordonné ne pouvait commander ou mener des hommes sous les armes, ces derniers étaient autorisés à se défendre. À cette fin, les membres ordonnés de l'Église théiste auraient les mêmes droits de porter des armes et des armures que la noblesse, mais surtout, l'Église serait autorisée à légitimer les redoutés Sicarii, des moines guerriers fanatiques, en tant que véritables gardes du corps. Si l'obtention du droit de porter des armes et la mise en place d'une force armée très limitée ont un impact pratique mineur, les conséquences politiques et psychologiques ne peuvent être surestimées.
Les Ordres étant pratiquement muselés, les liens étroits qui unissaient certaines Maisons Nobles à l'Église Théiste ont commencé à se manifester. Adoptant des symboles religieux dans leurs bannières militaires, ces maisons nobles ont pris fait et cause pour l'Église théiste, ou du moins utilisent la religion comme un tremplin pour atteindre leurs propres objectifs. Leurs motivations importent peu au Paeneticum, et les dirigeants de l'Église théiste ont réagi très rapidement à cette nouvelle tendance en ordonnant un grand nombre de jeunes nobles, créant ainsi des liens étroits avec leurs familles. Mais surtout, elle a fondé une série de nouveaux ordinariats, dirigés par des évêques, chargés de la pastorale des troupes militaires. Ces ordinariats ont d'abord été établis avec les troupes des familles nobles alliées et ont prouvé leur valeur tant pour les roturiers que pour les nobles. Après tout, comme le veut la raison, même les troupes ont besoin de guides spirituels à leurs côtés. Qui a plus besoin de se confesser qu'un soldat qui tue, qui a plus besoin d'être fortifié que ceux qui affrontent les horreurs de la bataille, et n'ont-ils pas le droit de se faire lire leurs derniers sacrements ?
En fin de compte, la légalité de la question importe peu. La vérité, c'est que les prêtres théistes sont de nouveau présents sur le champ de bataille. Entourés de leurs Sicarii et des dévots, tout en exerçant le pouvoir de Théos lui-même par leurs prières, moins de commandants inspirent une plus grande dévotion et un plus grand respect.