S'il est facile de rejeter la culture et la politique nordiques comme étant grossières, simples et brutales, quiconque commettrait cette erreur ne survivrait pas longtemps. Brutale, oui. Brutale et simple ? Non.
Il est facile d'oublier que Mannheim a connu le règne des dragons, de la flèche d'Yggdrasil, du Jotnar et, plus récemment, de l'homme. Tous ont été abattus lors de batailles cataclysmiques, mais leurs vestiges subsistent encore, agitant cette terre glacée. Face aux forces visibles et invisibles, les Nords, dirigées par les Einherjar et une poignée d'autres personnes qui connaissent les anciens ennemis qui se cachent dans les ombres glacées du nord.
Hélas, il ne reste plus qu'une poignée d'Einherjar : Angbjorn, la Montagne, installé à Aarheim, fait de son mieux pour guider la civilisation naissante du Nords loin des nombreux dangers qui l'entourent. Graymane, le Vagabond, reste la première et dernière ligne de défense dans le Nord glacé, se battant autant contre lui-même que contre les bêtes qui rôdent dans les ténèbres. Hrokki, Deathbringer, reste un reclus qui se bat dès qu'il le peut. En dehors de ces derniers, il n'en reste que quelques-uns qui peuvent encore communiquer avec l'homme, sans parler de se préoccuper du sort de l'homme. Les autres ont disparu, que ce soit dans des combats comme celui de Svarthgalm ou dans leur propre nature bestiale, peu importe.
Leur tâche serait difficile si les conditions étaient idéales, mais elles sont loin de l'être. La société nordique, autrefois monolithique dans son soutien aux Einherjar, est traversée de tensions et de conflits larvés. Au sud, les jarls prospères qui mènent des raids n'apprécient pas le tribut qu'ils versent au Haut Roi à Aarheim, alors que la plupart de leurs prix vont aux jarls du nord lors de la réunion annuelle de l'Allmeet. Certains reviennent de leurs raids avec d'immenses trésors, comme on n'en a pas vu depuis des siècles, et ils répugnent à s'en séparer. Les arguments selon lesquels les Jarls du Nord ont la tâche la plus difficile et la moins gratifiante de retenir cette frontière sauvage tombent dans l'oreille sourde de leurs parents du Sud, de plus en plus fiers et prospères.
Cela n'a rien de nouveau. Il y a toujours eu des tensions entre les habitants de Mannheim, alimentées par la nécessité et la concurrence pour les ressources, mais il existe de nombreuses façons efficaces et directes de régler ces différends dans les traditions nordiques. Aujourd'hui, ces traditions cèdent progressivement la place aux subterfuges et à la ruse, au-delà des champs de bataille simples, mais menant au champ de bataille. Des ombres courtes et tordues sont aperçues dans les couloirs de nombreux Jarls, semant le doute et la méfiance parmi leurs pairs avec des mots mielleux et des promesses de trésors chuchotés dans l'obscurité. Ainsi enhardis, quelques Jarls insensés ont poussé les choses plus loin que jamais. Brandissant des armes d'une qualité inégalée, ils n'hésitent pas à verser le sang nordique dans des duels à sens unique qui menacent de déboucher sur de véritables querelles entre les Jarls. Cela ne ferait qu'affaiblir la société nordique.
Cette situation de plus en plus tendue est aggravée par l'affirmation croissante du culte des Valkyries. Bien qu'elles professent une dévotion totale à la volonté des dieux vivants, il est difficile de ne pas remarquer que leurs points de vue sur la façon dont les choses doivent être traitées sont souvent en désaccord avec ceux des divinités qu'elles ont choisies, les Einherjar. Un cynique remarquerait d'ailleurs rapidement qu'il y a bien plus de fêtes et de cérémonies autour des Einherjar tombés au combat ou ayant sombré dans un état bestial qu'autour de ceux qui peuvent exprimer une opinion qui pourrait être en désaccord avec leur vision. Angbjorn, qui n'a jamais été le plus prudent des Einherjar, s'est déjà heurté à la prêtrise, mais n'ayant pas leur sens politique, il s'est fait doubler et a été isolé. Les Valkyries ont rejeté ses efforts, se présentant comme les victimes d'une cruelle campagne de mensonges et de désinformation orchestrée par les chamans pour semer la zizanie entre les Valkyries et leurs dieux.
La répression du culte des chamans qui en a résulté a affaibli un pilier essentiel de soutien et de conseil sur lequel les Einherjar comptaient pour influencer les Jarls plus indépendants. Ces derniers trouvent désormais leurs nouvelles conseillères attirantes, les Volva, irrésistibles au sein de leur conseil, car elles obtiennent du pouvoir en se ralliant aux tendances plus ambitieuses et agressives de leurs Jarls, au lieu de leur prodiguer de sages conseils.
Il serait peut-être naturel que ce soit la nature de l'homme, Nords ou autre : lorsque la prospérité et la richesse s'offrent à eux, les tensions montent invariablement car les concurrents s'affrontent, même dans une contrée aussi dangereuse que Mannheim. Les dangers de la terre sont loin d'être terminés pour les Nords et leur division semblerait inopportune... de manière suspecte, en fait. Les mauvais présages se multiplient dans les lectures d'os, de runes et d'entrailles, tandis que la terre elle-même tremble. Les voyants parlent de serpents géants qui s'agitent dans leur sommeil et des groupes entiers de chasseurs sont perdus sans explication ni trace. Les rôdeurs parlent de monstres contre nature, de l'engeance du dieu fou Lokki, réveillé une fois de plus et semant le chaos sans modèle, sans cohésion et sans but. Quand les rôdeurs parlent, les sages écoutent, et ce qu'ils entendent parle d'un réveil dans le Grand Nord.
Pourtant, le combat est loin d'être perdu pour le Nords. Le Graymane a été vu au sud de la Longue Glace pour la première fois depuis des siècles. Certains affirment même l'avoir vu à Aarheim et pensent qu'il s'est allié à Angbjorn comme autrefois. Après avoir été sauvagement éliminés, les chamans se sont regroupés. On dit qu'ils sont dirigés par Althung, le vieil ancien lui-même, premier des chamans et aîné des Nords, et qu'ils ont commencé à exercer leur pouvoir, rappelant aux Valkyries, aux Nords et à leurs ennemis que ces vieillards exercent toujours un réel pouvoir, et que non seulement ils ont le droit de se battre, mais qu'ils ont aussi le droit de se battre, de se battre et de se battre. tous le pouvoir jaillit du tranchant de l'épée...
Pour l'observateur attentif, il est clair que Mannheim et le Nords sont en train de changer, la seule question qui reste est : comment ?